L'héritage de la nuit by Wolfgang Hohlbein

L'héritage de la nuit by Wolfgang Hohlbein

Auteur:Wolfgang Hohlbein [Hohlbein, Wolfgang]
La langue: fra
Format: epub
Tags: LE CYCLE DU MAGE DE SALEM – LIVRE II
Éditeur: Oriflam
Publié: 2000-04-15T00:00:00+00:00


TROISIÈME PARTIE

LES ARBRES-DÉMONS

— Silence !

En guise d’avertissement, Howard posa son index sur ses lèvres, se tapit contre le mur et attendit en retenant sa respiration que les voix et les pas se rapprochent puis s’éloignent à nouveau. Il se risqua ensuite à sortir prudemment de l’ombre et nous rejoignit discrètement, en courbant le dos. D’un mouvement agité et nerveux qui trahissait avant tout son épuisement, il s’accroupit entre Rowlf et moi, passa le dos de sa main sur son visage et, du pouce, indiqua la rue derrière nous.

— Je crois que nous pouvons nous y aventurer, murmura-t-il. Il n’y a plus que quelques pâtés de maisons à traverser. Et il commence à faire sombre.

Son élocution était encore plus hachée et plus rapide que d’habitude. Dans la lumière du crépuscule qui s’assombrissait, je ne le percevais plus que comme une ombre grisâtre mais sentais à l’évidence son extrême fatigue. Quand il bougeait c’était d’un bloc, avec raideur. On aurait dit que ses membres étaient reliés à de minces fils manipulés par un invisible marionnettiste.

D’un air las, je regardai dans la direction qu’il avait indiquée. Le porche me faisait l’effet d’être l’entrée d’une grotte obscure ; la rue et les maisons au-delà semblaient des ombres pâles, illuminées de temps en temps par une lueur vacillante selon le vent et les averses de pluie battante qui tombaient sans interruption sur la ville. Le port brûlait toujours.

Howard se pencha, s’appuya de la main gauche sur le rebord d’une des poubelles derrière lesquelles nous avions cherché refuge et saisit de l’autre l’épaule de Rowlf. Le colosse gémit. Ses paupières s’entrouvrirent mais ses yeux étaient troubles, son regard vide et éteint. Son visage écarlate paraissait en feu. Dans la clarté grise, les cloques avaient l’apparence de marques rouges, pareilles à celles laissées par la petite vérole, et sa sueur exhalait une désagréable odeur acide. Howard avait découvert cette arrière-cour six ou sept heures auparavant et depuis lors nous nous terrions là comme des rats en fuite devant un chat, cachés sous les immondices et les ordures, tremblants de froid et de peur, et traqués avec une férocité bien plus grande que si nous avions été des animaux.

Pendant ce temps, Rowlf avait perdu plusieurs fois conscience. Lorsqu’il revenait à lui, les moments de quasi-lucidité et de délire fiévreux alternaient ; il frappait parfois autour de lui et criait, si bien que nous devions le tenir et le forcer à se taire. Petit à petit l’intervalle entre ces crises diminuait, et ce n’était pas un signe favorable.

À le dévisager, j’eus l’impression de recevoir un coup violent et douloureux. Je connaissais ce grand bonhomme à l’air toujours solide et au caractère perpétuellement irrité depuis maintenant trois mois, mais c’était au cours des dernières heures qu’il m’était apparu comme un être vraiment cher. Ces heures durant lesquelles, grelottant et tremblant de peur, j’avais attendu que l’obscurité vienne enfin, réduit à l’impuissance en constatant que le géant déclinait sans cesse devant mes yeux.

— Il a besoin d’un médecin, dis-je.

Howard me lança



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